Comment remplacer le TBT dans les anti-fouling ?
I- Qu'est ce que l' " antifouling "(ou l' " antisalissure ") ?
L'antifouling est utilisée comme peinture sur la coque des navires. Il est constitué d'un revêtement biocide contenant une ou plusieurs molécules toxiques comme le TBT (tributylétain) pour empêcher les organismes de se fixer sur les coques des navires ou les objets immergés que l'on veut protéger.
Modèle compact du TBT :
Formulle brute : C12H28Sn
Phrases de risques R : 10, 15, 21, 25, 36/38, 48/23/25, 50/53 |
Phrases
sécurité S : 35, 36/37/39, 45, 60, 61
|
R10 : Inflammable |
S35
Ne se débarrasser de ce produit et de son emballage qu’en
prenant toutes précautions d’usage.
|
R15
: Au contact de l'eau, dégage des gaz extrêmement inflammables.
|
S36
Porter un vêtement de protection approprié.
|
R21
: Nocif par contact avec la peau
|
S37
Porter des gants appropriés
|
R25
: Toxique en cas d'ingestion.
|
S39
Porter un appareil de protection des yeux/du visage approprié.
|
R36/38:
Irritant pour les yeux et la peau
|
S45
En cas d’accident ou de malaise consulter immédiatement
un médecin et lui montrer l’emballage ou l’étiquette.
|
R48
: Risque d'effets graves pour la santé en cas d'exposition
prolongée
|
S60
Éliminer le produit et son récipient comme un déchet dangereux.
|
R23/25
: Toxique par inhalation et par ingestion
|
S61
Éviter le rejet dans l’environnement. Consulter les instructions
spéciales/la fiche de données de sécurité.
|
R50
: Très toxique pour les organismes aquatiques
|
|
R53
: Peut entraîner des effets néfastes à long terme pour
l'environnement aquatique
|
II- La réglementation su l'utilisation de l'antifouling et le devenir de ces peintures :
Le tributylétain est un puissant biocide, toxique pour les végétaux et d'autres organismes. C'est pour cette raison qu'il fut le plus employé dans les antifoulings dès les années 60 mais surtout dans les années 70 avec l'explosion de la construction navale et de la plaisance. Hors, ce biocide établit de graves conséquences au niveau des organisme marins (animaux et végétaux) et constitue un polluant durable . En effet, les molécules de dégradation constituant la peinture antifouling et ses métabolites se sont révélés sont les constituants majeurs ayant un impact négatif sur l'environnement. Le TBT crée aussi chez certains organismes un phénomène d'imposex (masculinisation des organes sexuels féminins en l'occurrence), à des dilutions très faibles, inférieures au ng/L (en eau douce ou marine). Les résidus du TBT, dont l'étain persistent longtemps dans les sédiments des ports et sur les sites d'immersion de boues de dragage et à leur aval suite aux remises en suspension le cas échéant. C'est pour cela qu'en novembre 1999, une résolution de l'OMI (A.895) a été proposée puis adopté le 5 octobre 2001, interdisant l'utilisation de peintures antifouling à base d'étain à compter du 1er janvier 2003. Leur présence sur la coque d'un navire fut interdite à compté de 2008.
III- Des solutions écologiques contre le fouling ne mettant pas en danger l'environnement :
Des alternatives au TBT ont été recherchées. Les antifoulings sans étain sont souvent constitués d'un médium vinylique ou acrylique (réputé moins toxique) mais les étiquettes et les fabricants " oublient " de mentionner la nature et le dosage des biocides (fongicides insecticides et/ou herbicides) ou additifs qu'ils contiennent. Des matériaux high tech ont été testés(polymères élastomères, nouveaux polymères érodables, produits à base de silicone, peintures autopolissantes à base d'eau pour mieux glisser sur l'eau, systèmes d'ondes acoustiques générées par des décharges électriques, etc.) en espérant réduire l'accroche des organismes sur la coque. Des systèmes non chimiques sont alors utilisés :
Les techniques ultra-sons : elles sont commercialisées sous forme de balai permettant de retirer les organismes présents sous le bâteau mais l'inconvénient est qu'il a une distance limitée et donc qu'ils ne retirent pas tous les organismes marins présents sur le bâteau comme notamment sur la quille.
De nouveaux matériaux sont étudiés dans des laboratoires depuis quelques décennies (certains cherchent même à imiter les qualités du mucus des organismes marins). Malgré qu'ils soient cher, s'ils s'avèrent assez résistants. Mais ces matériaux seront probablement d'abord réservés aux navires de course, à des usages militaires ou à haute valeur ajoutée.
Une variété d'algue brune, Dictyota dichotoma, possède des molécules ayant les propriétés antifouling.
Mme Bendaoud réalise des extractions à partir d'algues brunes d'origines différentes (Bretagne, Algérie ...), évapore le solvant et identifie et isole les molécules recherchées par différentes méthodes analytiques (chromatographie en phase gazeuse, liquide, spectroscopie ...)